Résumés des communications et posters

Résumés/abstracts des communications et posters (ordre alphabétique des auteurs)

 

ABDERRAHIM MAHINDAD Naima

L’évolution historique de la construction en terre crue dans le Nord de l’Algérie entre le XVe et le XVIIIe siècle et ses spécificités régionales.

Thème 2 – Session 4

L’Algérie recèle d’un important patrimoine d’architecture de terre crue qui remonte à des millénaires.  Historiquement, la terre crue a été utilisée aussi bien dans la construction d’édifices prestigieux tels que les palais, les édifices religieux et militaires que dans l’architecture domestique.

Cette architecture qui fait partie intégrante des paysages ruraux et des cités urbaines des différentes régions de l’Algérie adopte différentes techniques constructives, tels que : le pisé, le torchis, l’adobe et la bauge.

À l’instar de différentes régions d’Algérie, les villes de la région Nord, notamment Cherchell, Alger et Bejaia recèlent de ces pratiques constructives dans des édifices de différentes périodes historiques.

À travers une étude diachronique, nous essayons d’identifier et de comprendre le processus d’évolution de la construction en terre crue dans cette région du Nord de l’Algérie entre le XVe et le XVIIIe siècle, ainsi que de déterminer les savoirs faires empruntés à d’autres cultures et ceux transférés d’une région à l’autre.  Ces savoirs faire ancestraux sont indicateurs des grandes lignes de l’histoire de la construction en terre crue en Algérie et des différents courants d’influence qui l’ont conditionnée.

 

AL DBIYAT Mohamed

Retour de l’habitat en terre dans les marges arides en Syrie centrale au XIXe siècle : le cas du village de Sheikh Hilal.

Thème 1 - Poster

Les marges arides en Syrie centrale (200-300 mm de précipitation) s’étendent sur les parties orientales des provinces de Homs et Hama. Elles ont attiré des populations d’agriculteurs, principalement ismaéliens et Alawites venant du massif côtier dans la deuxième moitié du XIXe siècle, ainsi que des tributs nomades. Ce peuplement contemporain s’est effectué dans le cadre de la politique lancée depuis l’époque des réformes administratives ottomanes (les Tanzimat 1839-1876) visant la mise en valeur des terres des steppes en Syrie, et le contrôle des tribus bédouines qui parcouraient la région, dans le cadre d’une politique de sédentarisation de grande ampleur, notamment dans la Syrie centrale et la région est et sud-est de la province d’Alep.

En général, les villages des agriculteurs possèdent un tissu urbain composé essentiellement par l’habitat en terre sous forme de qobbah (dôme) ou avec des toits plats, et il est plus dense que celui des villages des agro-pasteurs ou des pasteurs semi-sédentaires. C’est le cas du village de Sheikh Hilal, dans la région de Salamieh, qui a été peuplé par des agriculteurs. Le village se trouve à 55 km au nord-est de Salamieh, à la lisière de la Badia (steppes). Il fut l'un des derniers villages à avoir été reconstruit par les ismaéliens à l’aube du XXe siècle. Son peuplement a été encouragé par l’existence d’un aquifère peu profond qui, dans le passé, de la période byzantine à la période abbasside, était investi par trois qanat (foggaras) dénommés qanat romains, et ceux-ci étaient nettoyés et utilisés jusqu’à l’arrivée des pompes à la fin des années 1940. Sheikh Hilal abritait environ 700 habitants (100 familles) en 2010 et comprenait 345 qobbah dont 30% en bon état. En général, les maisons sont modestes de l’extérieur comme de l’intérieur, seules les maisons des quelques familles aisées sont importantes et comprenaient des pièces en ciment ou en pierres.

Sheikh Hilal présente un cas spectaculaire du développement de l’habitat en terre en Syrie centrale. Il montre que les traces physiques des cultures anciennes sont toujours vivantes pour témoigner d’un métissage créatif et original. Cette architecture bien adaptée au milieu et aux moyens des pionniers, qui ont repeuplé le village, est devenu un patrimoine menacé de disparition depuis le passage à l’habitat en ciment dans les années 1960. À part les aspects économiques et environnementaux de la construction en terre, il est important préserver ce patrimoine architectural et de développer ce savoir-faire, en l’adaptant aux besoins et aux exigences contemporains.

 

ALLICHE Samira, BOUSSORA Kenza

La « tapia valenciana », circulation d’une technique entre l’Espagne et le Maghreb du XVIe au XIXe siècle.

Thème 2 – Session 4

La technique dite « tapia-valenciana » en Espagne est une variante du procédé constructif du pisé, une technique qui combine terre crue, briques cuites et des lits de mortier de chaux. Cette technique relevée en premier lieu dans la ville de Valence et sa région, mais aussi à Guadix dans la région de Grenade – et probablement dans une d’autres contrées d’Espagne- a été aussi répertoriée dans la région littorale centre de l’Algérie, dans les villes de fondation ou refondation andalouse (Cherchell, Ténès, Blida, Koléa). Les recherches ne nous révèlent pas encore l’existence de cette variante dans d’autres régions du Maghreb, mais la présence d’une même mise en oeuvre -et d’une composition quasi identique de matériaux- dans certaines régions du nord de l’Algérie et du sud de l’Espagne nous interroge sur la circulation des techniques constructives entre les deux rives de la méditerranée au gré des flux migratoires et contacts entre différentes populations. Nous tâcherons dans notre communication de localiser en premier lieu les sites où la présence du pisé a été relevée (monuments, vestiges archéologiques, témoignages littéraires) –toutes variantes confondues- dans une aire géographique qui s’étend du Maghreb (Tunisie, Nord Algérie, Maroc) jusqu’au sud de l’Espagne sur une période allant du XVIème au XIXème siècle. Nous essayerons dans un deuxième temps d’étudier les recoupements entre les techniques du « tapia-valenciana » relevées en Espagne et en Algérie en les confrontant avec les faits historiques concernant les migrations des populations parties d’Andalousie pour s’installer dans les villes algériennes à partir du XVIème siècle, l’objectif étant de tenter une restitution d’un parcours historique de la technique du « tapia-valenciana » entre ces deux régions de la Méditerranée.

 

ANTONINI Anna

Earth for building between Roman Times and the Middle Ages in Northern Italy: evolution and continuity of a “common” knowledge. (Ist century BC – XIIIth century AD).

Thème 1 – Session 2

The use of « perishable materials » in domestic architecture in the Roman Period is an unknown feature of the Romans settlement in Gallia Cisalpina. A review of the edited excavations has collected more than 100 evidences of the use of wood and earth in house building and identified a large variety of techniques. This census identified more than 15 cases in which earth is used as the prevalent material and as structural part of the walls which supports the weight of the entire building. The paper will briefly present case studies and their chronological distribution during the roman period, presenting up to date and well preserved cases. A combined analysis of written and iconographic sources will try to resume the continuity in the use of this material till the medieval period. The paper will propose some hypothesis about builders of these manufact and the society in which live, analysing the whole production chain. The paper comes from a research made by the author for her doctoral theses (unpublished) concluded in 2014, revised and updated for this paper.

 

AYMERIC NSANGOU Jacques

Histoire d’une muraille de bauge en milieu tropical (Cameroun) du XIXe au XXIe siècle.

Thème 2 – Session 7

La muraille de terre crue de Foumban (Ouest-Cameroun) fut construite à l'initiative du roi Njoya dont le règne s'est étalé de 1889 à 1933. Cette structure de bauge complétait un système de fortification que les Bamoun avaient mis en place du 18ème au 19ème siècle (Aymeric 2018 : 383-397).

Notre communication a pour but de retracer l'histoire et la vie de la muraille de Foumban.

Dans la première partie, nous verrons brièvement le contexte historique qui a engendré son édification ; en second lieu, nous verrons les étapes de sa construction ; et enfin, nous verrons comment cette muraille a résisté à l'épreuve du temps, et ce, malgré les conditions climatiques particulières de la région.

Notre approche historique a suivi deux axes : grâce aux sources historiques écrites et aux enquêtes de traditions orales que nous avons menées à Foumban, nous avons reconstitué le contexte puis le processus de construction de la muraille, ainsi que la mise en place des autres éléments de fortifications qui l'ont précédée. Secondairement, l'exploitation des archives coloniales du début du 20ème siècle nous a permis de retrouver les images de cette muraille au temps de sa splendeur.

A la fin de notre présentation, nous nous attarderons sur les facteurs de dégradations qui au cours du temps, ont sévèrement affecté les fortifications de Foumban en général et sa muraille en particulier.

 

 BACOUP Paul

Les constructions en terre du tell de Petko Karavelovo en Bulgarie du Nord (4900-4300 av. n. è.) : évolution architecturale, relation terre-bois et choix sensoriels.

Thème 2 – Session 1

Les études architecturales récentes sur le site de Petko Karavelovo (Veliko Tarnovo, Bulgarie) montrent une évolution dans l’architecture des constructions en terre sur armature de bois tout au long du 5e millénaire avant notre ère. Des éléments de continuité et d’innovation sont visibles concernant le choix des matériaux, l’implantation des habitations et l’utilisation de certaines techniques. Ils témoignent du renouvellement des intentions et des choix faits dans la construction. De plus, l’examen des données archéologiques et environnementales permet d’évaluer l’impact possible de facteurs environnementaux sur ces choix.

Il convient également de s’intéresser au rapport entre les deux matériaux : terre à bâtir et bois. D’une part, l’évolution des planchers est un indice important pour comprendre cette relation, notamment lorsque l’on compare les choix architecturaux faits à Petko Karavelovo et ceux pratiqués à Hotnitsa, site contemporain à une vingtaine de kilomètres au sud. D’autre part, l’étude combinée des deux matériaux permet d’aborder la question des finitions et des choix impliqués. L’utilisation d’enduits en terre ou de bois à des fins potentiellement esthétiques, et non seulement pratiques, nous informe sur la perception visuelle, tactile et olfactive, de l’espace bâti par ses habitants.

 

 BAUDOIN Emmanuel

L’évolution des techniques architecturales dans le Caucase (Azerbaïdjan, Géorgie) du début du VIe millénaire à la fin du Ve millénaire av. J.-C.

Thème 2 – Session 1

Depuis la fin des années 2000, les recherches archéologiques dans le Caucase se sont intensifiées avec la mise en place de programmes de recherches internationaux. Si nos connaissances sur les communautés de cette région se limitent principalement au Néolithique, les données récentes provenant du site de Mentesh Tepe (Azerbaïdjan) apportent un éclairage nouveau sur les modes d’occupation dans la moyenne vallée de la Kura durant le Chalcolithique.

Au Néolithique (6000-5300 av. J.-C.), l’architecture de la région est caractérisée par des bâtiments circulaires en terre où la variété des procédés de construction entre la vallée de la Kura, celle de l’Araxe et la plaine de Mil, nous invite à identifier des ensembles « technico-culturels » bien marqués et ainsi à reconsidérer le modèle d’une culture unique, celle de Shulaveri-Shomu. L’architecture semi-enterrée, dont la pratique semble limitée à la vallée de la Kura, pourrait être le signe d’une sédentarisation autonome des communautés de cette région.

Après un hiatus de près d’un millénaire, l’apparition d’une architecture orthogonale en briques crues moulées au Chalcolithique (autour de 4300 av. J.-C.) à Mentesh Tepe s’impose a priori comme un hapax. Malgré des données chronologiques et stratigraphiques rares et controversées, cette communication sera l’occasion de définir les techniques architecturales utilisées durant cette période en regard du développement de l’architecture obeidienne dans l’ensemble du bassin syro-mésopotamien durant la seconde moitié du Ve millénaire.

Nous nous appuierons sur un ensemble de données bibliographiques ainsi que sur les données inédites provenant des sites de Gadachrili Gora, de Kiçik Tepe, d’Haci Elamxanli, de Göy Tepe et de Mentesh Tepe qui offre le seul exemple d’une occupation sédentaire au Néolithique et au Chalcolithique dans la moyenne vallée de la Kura. En dépit de l’inégalité des données archéologiques, cette communication constitue une première étape vers une meilleure compréhension de l’évolution des techniques architecturales entre la fin du VIe et la fin du Ve millénaire.

 

BUCHEZ Nathalie, GEREZ Julie, GUÉRIN Samuel et MINOTTI Mathilde

L’apparition, et le développement de l’architecture en brique crue en Égypte au IVe millénaire avant notre ère, quels processus ? Réflexion à partir des découvertes récentes de Tell el-Iswid (chantier de l’Institut Français d’Archéologie Orientale dans le Delta oriental).

Thème 2 – Session 1

Bien que l’Égypte pharaonique soit plus particulièrement connue pour son architecture de pierre, les constructions en brique y sont prédominantes et concernent tous les domaines. Or la documentation dont on dispose sur les périodes de formation de cette civilisation suggère que l’utilisation de la brique ne se généralise dans l’habitat qu’assez tardivement, dans le dernier quart du IVe millénaire. Cette documentation n’est pas en faveur d’une diffusion de la brique depuis le Proche-Orient avec le bagage néolithique. Elle n’est pas non plus en faveur d’une longue tradition d’utilisation du matériau terre sous une forme autre qu’en placage sur des armatures légères. Cela est vrai, que l’on regarde du côté de la Haute-Égypte (i. e. de la vallée du Nil) ou du côté de la Basse-Égypte (i. e. du Delta). Dès lors la question des mécanismes intervenant dans l’apparition et le développement de l’architecture de brique crue se posent avec acuité.

Elle apparaît sur deux sites du Delta de façon synchrone et sous la forme de longs murs d’enceinte constitués de briques moulées. Dans un contexte où les traditions constructives sont tout autres, on peut penser que la transmission de cette nouvelle technique est liée initialement à la circulation d’un savoir-faire impliquant celles d’individus. Les regards se tournent évidemment vers le Levant. L’adoption de cette forme architecturale trahit probablement un moment de profonds bouleversements des sociétés de Basse-Égypte.

En Haute-Égypte, et à peu près à la même période à notre échelle de résolution, ce sont des constructions a priori en brique modelée qui sont répertoriées, en soubassement d’unités monocellulaires sans doute liées à des activités qui dépassent le cadre strictement domestique. On a peut-être pour cette région une innovation qui intervient, là aussi, à un moment particulier, de transformations de l’économie de production. La brique crue prend ensuite, en relation avec le monde des morts, un essor dont on ne trouve pas en l’état des recherches l’équivalent en surface, dans le monde des vivants avant ce dernier quart du IVe millénaire où l’utilisation de la brique se généralise alors dans l’habitat au Nord comme au Sud, en Basse comme en Haute-Égypte.

L’apparition puis le développement de l’architecture de brique crue sont étroitement liées aux mutations économiques et socio-culturelles de la seconde moitié du IVe millénaire qui débouchent à la charnière du millénaire suivant sur un État. Si les fouilles s’intéressant aux habitats prédynastiques se comptent toujours sur les doigts d’une main, on peut faire le constat d’un renouvellement de la documentation et des approches. La caractérisation des contextes techniques notamment permet d’aborder sous un autre angle les questions qui sont au cœur des débats concernant la formation de la civilisation égyptienne (expansion de la culture du sud d’où sont originaires les premiers dynastes ?

 

 CATAFAU Aymat, LEAL Emilie, REMY Isabelle

Faubourgs et Villeneuves en Languedoc Roussillon (France) à la fin du Moyen Âge (XIIIe-XIVe siècles) : la terre crue comme outil de reconfiguration.

Thème 1 – Session 3

Un récente synthèse (Chazelles et al. à paraître) a montré combien les constructions en terre crue sont bien inscrites dans la culture constructive du Moyen Âge du midi méditerranéen, tant en contexte rural qu’urbain. Cependant, ce continuum semble connaitre un développement accru en milieu urbain à partir du XIIIe siècle, à un moment où les villes, soumises à l’émergence de nouvelles élites et de nouvelles modalités de pouvoir économique, connaissent des reconfigurations multiples et des recompositions qui en modifient profondément le tissu périphérique ou intermédiaire. L’architecture en terre va s’imposer très largement dans ce processus, à partir des techniques récurrentes de la bauge et du pisé. Il s’agit de véritable opérations immobilières, conduites ex nihilo ou dans un contexte extra-urbain très lâche et hautement lucratives et spéculatives. Si les archives ont parfois gardé les témoignages et les comptes de ces opérations, la question de la mise en œuvre et des moyens alloués n’avait jusqu’alors pas été abordés. Les fouilles conduites depuis le début des années 2000 sur les sites de Perpignan, Narbonne, Carcassonne, Béziers ou Lézignan-Corbières ont révélé combien le recours à la terre de manière quasi exclusive ne constitue alors pas un choix par défaut ou anecdotique mais au contraire le plus judicieux, à tout point de vue, l’architecture en terre se révélant sans doute la seule en capacité de répondre aux contraintes multiples de ces imposants programmes. Par ailleurs, une confrontation avec l’univers matériel de ces nouveaux quartiers permet désormais d’en appréhender avec plus de finesse les populations.

 

CHAZELLES Claire-Anne de

Faubourgs, lotissements, hameaux et villes neuves, bâtis en pisé dans la plaine de la Durance (France). XVIIIe – XIXe siècles.

Thème 1 – Session 3

Au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle et pendant le siècle suivant, la plaine de la Durance voit se développer la mise en valeur de nouvelles terres agricoles et, plus largement, l’exploitation des potentialités économiques de ses terroirs. La conquête de terres à cultiver en remplacement de forêts peu productives se traduit en particulier par la création de villages, tel que l’emblématique Charleval, et celle de hameaux implantés en rase campagne. Les anciens villages se dotent également de faubourgs qui abritent ouvriers agricoles et petits propriétaires terriens ainsi, au XIXe siècle, qu’une population ouvrière au service des industries rurales propres à cette période, comme la sériculture, le chardon cardère, la betterave sucrière…

Face à l’accroissement démographique et/ou pour faire face au déplacement parfois massif de personnes, les nouveaux habitats sont fréquemment bâtis en pisé, procédé à la fois rapide et économique, employé de longue date dans la région.

À partir de quelques cas de figure, sont examinés les motivations à l’origine de ces créations ex nihilo, les statuts des occupants et de leurs logements, les parcellaires dans lesquels ils s’intègrent et leur évolution. La mise en parallèle avec des créations illustrant les mêmes types ruraux et villageois, mais édifiés en pierre, permet de s’interroger en outre sur le choix du pisé.

 

CHERGUI Samia

Fournisseurs et bâtisseurs en terre dans la Régence d’Alger entre les XVIIe et XIXe siècles : quelques considérations socio-économiques à partir des rôles de chantier.

Thème 1 – Session 4

Aux yeux de l’administration ottomane, les rôles de chantier représentaient les témoins privilégiés des efforts accomplis par les diverses institutions de mainmorte dans le domaine de la construction et de la conservation du patrimoine bâti de la Régence d’Alger, entre les xviie et xixe siècles. La terre, qu’elle soit crue ou cuite, a fourni différents matériaux de base pour la plupart des chantiers lancés à cette époque. La manipulation raisonnée de ces mêmes sources, pour la plupart inédites, permettent des constats qui nous ont parus d’un intérêt certain. En effet, sur la base de l’analyse de certain des documents comptables, tenus notamment par les deux villes saintes de la Mecque et Médine (Sharikat al-Haramayn al-Sharîfayn), la Grande Mosquée (Sharikat al-Djâma‛ al-A‛dham) ou les Chemins de bienfaisances (Subul al-Khayrât), on sera amené à cerner le processus d’extraction, d’approvisionnement et de mise en œuvre de la terre. Notre contribution se focalisera particulièrement sur le statut, l’origine, la spécialisation et la rémunération des bâtisseurs en terre et notamment ceux qui se consacraient à son approvisionnement, à l’exemple des tarrâbîn (corporation d’ouvriers fournisseurs en terre).

Dès lors, il peut être établi que l’analyse des comptes de chantier demeure primordiale certes pour la conduite de notre recherche sur le matériau terre, sur son fournisseur ou le bâtisseur qui en faisait usage, mais elle s’avère partielle et lacunaire. Les informations factuelles que peuvent apporter les documents comptables, à titre d’exemple, ne peuvent avoir en définitive une portée significative que si elles sont corroborées par les résultats obtenus à partir de l’examen attentif de toutes les autres sources textuelles et iconographique ou encore accompagnées de prospections menées directement sur les vestiges architecturaux.

 

COCAUD Martine, HESS Aurélie

Abandon des constructions en terre entre 1880 et 1950 en Ille-et-Vilaine (France). Ce que nous disent les archives et le terrain.

Thème 2 – Session 7

Dans le cadre du projet ‘TERRE CRUE’ initié en Bretagne et associant des chercheurs de plusieurs disciplines nous nous sommes intéressées, en tant qu’historiennes, à l’abandon progressif de la construction en terre crue entre 1880 et 1950 dans les communes rurales du pays de Rennes.

Ce sont les résultats de ce travail que nous souhaitons présenter. Il s’agira d’abord d’exposer des questions méthodologiques concernant les apports des documents d’archives à partir desquels nous avons pu travailler (les matrices des propriétés foncières, les cadastres, les registres des hypothèques, les inventaires, les devis) et celles des visites de terrain. Seront aussi abordés les questionnements concernant la localisation du terrain étudié.

Dans un second temps, notre communication présentera nos résultats et tentera de proposer une périodisation de l’abandon progressif « du construire » en terre. Ces résultats tiennent compte des différents types d’édifices en fonction de leur usage en différenciant les bâtiments privés des constructions publiques, les maisons d’habitation des bâtiments ruraux, les maisons de bourg ou de celles des écarts etc. En outre, les réalités socio-économiques qui ont pu contribuer à la disparition de cette culture constructive seront évoquées.

 

DANEELS Annick

L’adobe en Amérique précolombienne : invention indépendante ou transmission de technologie ? Analyse de cas du 2e millénaire av. J.-C. au 1er millénaire ap. J.-C.

Thème 2 – Session 2

De même que pour le bassin méditerranéen et le Moyen Orient, les adobes les plus anciens en Amérique sont façonnés à la main, de forme conique et planoconvexe, tant au Pérou qu’au Mexique, à plus d'un millénaire avant notre ère. De son côté, l'adobe rectangulaire apparaît au Mexique chez les Olmèques, dans des situations de systèmes politiques complexes, vers 700 av. J.C., et devient très vite d'emploi courant pour les programmes de construction monumentaux des états précolombiens (aussi pour les remblais de la soi-disant architecture en pierre, qui, comme en Egypte, consiste souvent seulement d'un recouvrement de pierre). La date de l'apparition de l'adobe façonné à la main au Mexique, d'une part, et de l'adobe rectangulaire et de sa mise en œuvre au Pérou, de l'autre, correspondent à des moments assez précis de contacts par la voie maritime du Pacifique entre l'Amérique du Sud et du Nord, ce qui mène à envisager la possibilité d'une transmission de technologie, dans les deux sens, entre les deux grandes aires culturelles.

 

DELAVENNE Magali

Le lotissement en pisé construit par François Cointeraux à Vaise (France) à la fin du XVIIIe siècle (étude historique et inventaire).

Thème 2 – Session 3

Entre 1780 et 1786, l’architecte François Cointeraux a construit dans le faubourg de Vaise, au nord de Lyon, un lotissement de 8 maisons mitoyennes en pisé, qu’il a lui-même valorisées dans ses écrits comme un emblème d’une nouvelle architecture économique en terre. Cette expérience a fait l’objet d’une importante littérature scientifique depuis les années 1980.

Cependant, au début de l’année 2015, la démolition contestée de plusieurs bâtiments reconnus localement sous le nom de « maisons Cointeraux » a révélé la méconnaissance des limites réelles de ce lotissement et des vestiges qui peuvent en subsister après les destructions successives causées par le siège de Lyon en 1793, l’inondation de la Saône en 1840 et le développement urbain du faubourg de Vaise.

Dans le cadre de l’inventaire général du patrimoine de la ville de Lyon, une étude historique fondée sur le dépouillement des archives notariales et les techniques de la généalogie foncière a été engagée afin d’identifier les constructions élevées par Cointeraux et de retracer leur devenir.

Elle a permis de localiser les 8 maisons, dont 4 subsistent, bien qu’ayant connu des dénaturations et peut-être reconstructions de façade. L’enquête a établi les dispositions initiales du lotissement déterminées par Cointeraux : structure et distribution des maisons, parcellaire, circulations, équipements communs et annexes.

Au-delà de l’étude de cas architectural, cette recherche apporte des éléments d’ordre historique enrichissant la connaissance des pratiques d’architecte-promoteur de François Cointeraux : conditions juridiques et financières de montage du projet, conditions de commercialisation du lotissement… Elle ouvre des pistes d’approfondissement des recherches biographiques élargies au cercle des relations de Cointeraux identifiés par les actes : parents associés à la conduite des affaires, architectes apparaissant comme partenaires et peut-être élèves, juristes et fondés de pouvoir, créanciers et financeurs, ouvriers et fournisseurs, locataires et acheteurs. 

 

DIBO Suzanne

Bit Hilani un exemple d’architecture levantine (Syrie) : développement et diffusion au Ier millénaire av. J.-C.

Thème 2 – Session 2

Le modèle du Bit Hilani est un type architectural construit en brique crue qui se développe au Levant du Nord durant la période néo-hittite et araméenne au Ier millénaire av. J.-C. Ce modèle est issu de la fusion de plusieurs traditions architecturales préexistantes dans la région. Il apparaît régulièrement dans les villes en Syrie et devient comme un marqueur culturel et social des araméens. Les techniques utilisées dans ces constructions sont des traits caractéristiques de l’architecture monumentale de l’époque dans ses différentes formes. Malgré sa taille modeste, l’aspect grandiose du Bit Hilani et la mise en valeur de ses façades extérieures et intérieures par un système décoratif ont rendu ce type très convoité par les rois des régions voisines comme la Mésopotamie. Une reproduction remarquable du Bit Hilani dans les palais des capitales assyriennes témoigne de la volonté des rois de l’imiter ou d’en emprunter certains éléments distinctifs. Cela est confirmé par les documents textuels aussi bien par les bas-reliefs assyriens, ce qui prouve l’importance de ce type de construction et son impact sur l’architecture en Mésopotamie durant le Ier millénaire av. J-C.

 

GAIME Sébastien

L’usage de la terre crue en Limagne septentrionale et Sologne bourbonnaise (France), entre le VIIIe et le XIVe siècle.

Thème 2 – Session 3

À partir des données étudiées et mises en perspective dans le cadre d’un travail d’équipe Inrap/SRA sur les formes de l’habitat rural au Moyen Âge en Limagne septentrionale et Sologne bourbonnaise (Auvergne),il a été possible de mettre en évidence de manière parfois très précise les différents usages de la terre crue, pour construire les bâtiments médiévaux ruraux. À partir d’un corpus de 29 sites archéologiques, fouillés ou diagnostiqués entre 1963 et 2013, correspondant à des occupations échelonnées entre le Ve et le XIVe siècle répartis géographiquement au sein de 2 terroirs étudiés conjointement, quelques pistes de réflexion apparaissent.

Si les restitutions archéologiques des bâtiments sur poteaux ou sur solins impliquent a priori l’usage de la terre crue pour les parois, ce parti pris n’est que rarement prouvé archéologiquement. Les données archéologiques montrent que différentes techniques existent, allant de la simple terre humide malaxée (bauge), à celle de la brique de terre crue (adobe), en passant par le pisé qui sous-tend un coffrage, mais aussi le torchis sur clayonnage de bois ou pan de bois. Ces différentes techniques sont toutes vraisemblables et attestées de manières diverses au hasard de la conservation des éléments pour 20 cas sur un corpus de plus de 110 édifices.

L’habitat rural médiéval auvergnat, sans surprise, ne comporte pas de pierres hormis pour quelques solins, les bâtiments ruraux utilisent de manière systématique le bois et la terre.

L’architecture des édifices étudiés semble surtout marquée par la localisation géographique. Les matériaux utilisés sont systématiquement trouvés sur place ou à proximité immédiate et les différences entre le Bourbonnais et la Limagne apparaissent donc. Grâce aux forêts de la Sologne bourbonnaise, le recours au bois y est plus fréquent alors qu’il est plus rare en Limagne d’Auvergne, moins boisée selon les sources écrites et archéologiques. La terre est toujours utilisée crue : en Sologne bourbonnaise, elle recouvre les clayonnages alors qu’en Limagne, elle constitue l’intégralité des murs.

L’étude a montré que cette remarque est valable aussi bien des constructions manifestement élitaires telles que le château (le Tronçais), le moulin (Falconnière), l’église (Aubigny), que pour les constructions paysannes (les Colis, les Bombènes, les Cérais, la Cabane et Rossignol). Il en ressort que pour les campagnes médiévales la terre crue est un matériau extrêmement utilisé dans les constructions et non distinguant socialement.

Chronologiquement il y a peu d’évolution architecturale sur la période étudiée, si l’on excepte la technique du pisé. Et c’est cette stabilité technologique des constructions médiévales qui transparaît à partir des données archéologiques.

L’usage strict du pisé paraît pour l’instant limité au sein du terroir de Lezoux et de ses abords. Des éléments chronologiques découverts permettent d’envisager l’apparition de cette technique au sein de bâtiments d’abord composites, utilisant également une armature sur poteaux. Par la suite l’on assistera à un développement quasi systématique dans ce terroir de la technique. Ces différents sites permettent d’esquisser un schéma évolutif entre le XIIe et le XIVe siècle.

 

HAKIM-EBRAHIMI Mohammadullah, DEVILLERS Philippe

The 18th century village Murad Khani, Kabul, Afghanistan.

Thème 2 - Poster

The aim of this article is to present in-depth understanding of an 18th century historic earthen made commercial and residential neighborhood called Murad Khane, located on the edge of Kabul River, at the center of Kabul city the capital of Afghanistan. According to the Turquois Mountain Foundation (TMF)[1], a non-profit and non-governmental organization, Murad Khane was developed in the 18th century by the Afghanistan Ruler King Ahamd Shah Durrani. Ahmad Shah built many ornamental buildings to house members of his court from Qazilbash tribe, most of this ethnic group are still living in Murad Khane. Many of the buildings were demolished as part of the Soviet master plan to modernize Kabul city and some were destroyed during the recent decades of civil war and neglect.

However, in 2006 TMF, started working on this neighborhood and has cleaned the area from rubbish. Over 50 historic mud made houses and a carravansarai were repaired and even some houses were partially rebuilt. For the first time the streets were paved and drainage structure was created for the entire neighborhood. This study is based on the rehabilitation work started by the TMF in 2006, and it has revealed important maintenance works. This paper presents three status of this neighborhood: 1) the situation before 2006, 2) during the rehabilitation period and 3) the current condition of the neighborhood.

 

MARCEL Mélanie

L’architecture en terre à Batchenga (Région Centre, Cameroun) et les transformations en vigueur aujourd’hui : perception des habitants et conséquences sociales.

Thème 1 – Session 7

Dans la ville de Batchenga (Région Centre, Cameroun), les habitations en terre de garnissage sur ossature en bois, en banco (briques de terre crue), en planches, en raphia mais aussi en parpaings et en tôle se côtoient. L’observation ethnographique a permis de comprendre les différentes techniques de construction, la récolte des matériaux, leurs mises en œuvre, leurs avantages et inconvénients (etc.), puis d’analyser le rapport entre les différentes formes architecturales ainsi générées et leurs habitants. De cette manière il a été possible de comprendre le rôle que joue la maison dans la création et le maintien d’une organisation sociale. Les habitants attribuent à chacune de ces techniques un sens particulier et ces maisons donnent à leurs habitants des statuts socio-économiques spécifiques.

Par ailleurs, la modernisation et l’appropriation de nouveaux matériaux et techniques ont transformé la perception que les Batchengas ont de la construction en terre, celle-ci est cachée, les techniques ne se transmettent plus et les valeurs hiérarchiques des formes architecturales et des statuts sociaux ont été transformées. Cependant l’attention portée à ce processus de transformation montre à quel point celui-ci est complexe puisque seul certains aspects sémiologiques de la maison et des modes d’habiter sont transformés et finalement l’architecture en terre reste omniprésente à l’heure actuelle.

 

MILLE Emmanuel

L’emploi du pisé dans le bâti urbain de l’agglomération lyonnaise du XIVe au XIXe siècle. Quelques permanences et innovations dans la typologie du bâti (France).

Thème 2 – Session 3

Ville des constructeurs–théoriciens Cointeraux et Coignet, Lyon possède un riche bâti ancien urbain en pisé. Ce bâti est néanmoins méconnu, la terre étant systématiquement recouverte par des enduits et parfois présente uniquement dans les façades arrière ou murs de refends intérieurs.

Dans le cadre d’une thèse en architecture en cours, des recensements ont été entrepris. Ils ont permis de repérer 800 édifices contenant du pisé de terre sur le territoire de la Métropole de Lyon, dont 400 uniquement sur la commune de Lyon. Ce recensement est loin d’être systématique et il est fort probable que le nombre de bâtiments concernés soit beaucoup plus important.

L’analyse typologique et cartographique (par SIG) de ce corpus fait apparaître d’importantes permanences dans l’emploi du pisé depuis le Moyen-âge jusqu’à la fin du XIXe siècle. Il est ainsi présent de manière quasi systématique dans le bâti faubourien ; on le retrouve également souvent dans les maisons de plaisance péri-urbaines des riches lyonnais. Le XIXe siècle marque néanmoins une rupture importante, avec l’emploi de la terre massive porteuse dans des échelles encore jamais développées à Lyon : le pisé de terre est utilisé massivement dans l’urbanisation de vastes quartiers, et parfois dans la construction d’immeubles de grande hauteur. On le retrouve également dans de nouveaux types de programmes, tels que des établissements hospitaliers.

Cette recherche porte donc un nouveau regard sur l’histoire urbaine de Lyon. Plus largement, elle contribue à la connaissance des architectures de terre massive porteuse en milieu urbain.

 

MUNZI Priscilla, POUZADOUX Claude

Bâtir en terre crue au nord des Pouilles (Italie du sud) : l’exemple d’Arpi entre le IVe et le IIe siècle av. J.-C. 

Thème 2 - Poster

Situé à 8 km au nord-est de Foggia, le site daunien d’Arpi est implanté dans la plaine alluviale du Tavoliere des Pouilles, à proximité d’un cours d’eau navigable, le Celone. Dès les VIIIe-VIIe siècles il est délimité par un fossé et une levée de terre formant une demi-lune appuyée le long du fleuve. Aucun vestige n’est apparent, si ce n’est le tracé de l’agger de 13 km de long et qui renferme une superficie de 1000 ha.

Les premières attestations d’une occupation du site remontent à l’âge du Fer, mais c’est surtout à partir du IVe siècle que l’agglomération daunienne prend progressivement de l’importance au contact des peuples voisins, en particulier des populations osco-samnites limitrophes et des Grecs, notamment ceux de Tarente, et puis des Romains.

Un des segments les plus significatifs du développement urbain d’Arpi réside dans un quartier aristocratique identifié dans la partie sud-orientale du site, près de l’agger, et constitué de domus d’époque hellénistique partiellement mises au jour entre les années 39 et 50, puis à partir des années 90, et dont le matériel était resté en partie inédit. Il s’agit de grandes maisons dotées d’atria avec impluvium et composées de plusieurs pièces avec des murs en terre crue revêtus d’enduits peints et avec des sols en « cocciopesto » et en mosaïques de galets. La charpente des toits était couverte de tegulae et de imbrices.

La reprise de l’étude des données mises au jour a permis d’approfondir et de préciser le palimpseste stratigraphique et d’apprécier, en plus de l’aménagement de riches demeures du IIIe siècle, les différentes techniques utilisées pour l’architecture domestique au cours d’une période plus large, allant du IVe au IIe siècle.

La terre crue est, comme sur d’autres sites dauniens, le principal matériau employé pour l’élévation des murs, alors que pour le mode de mise en œuvre on remarque l’emploi de la terre massive (bauge) et de la brique crue (adobe). Tandis que la bauge est utilisée pour la construction des murs des maisons et pour une réfection de l’agger, les briques crues sont adoptées pour des aménagements plus modestes (vasques, fours, etc.).

L’étude stratigraphique conduite en particulier sur la zone de la domus de « la mosaïque des lions et des panthères » a permis d’observer des différences dans la mise en œuvre des murs, selon les différentes phases de vie. Les structures de plein IVe siècle sont construites uniquement en terre avec des fondations légèrement débordantes. Au IIIe siècle, on remploie les structures préexistantes et pour les nouvelles on privilégie les murs avec fondation en pierre et élévation en terre. Et qu’il s’agisse de murs en terre ou en pierre, on fait recours à des assises de réglage en terre cuite, utilisant des fragments de tuiles plates dont la bordure est présentée en façade. Les murs sont généralement revêtus d’un enduit d’origine calcaire, plus épais et grossier pour les fondations, plus fin pour les élévations, parfois peints selon l’utilisation des pièces. À partir du IIe siècle, un appareil à bordures de tuiles est employé à Arpi pour les élévations de quelques murs et pour la partie basse de la chambre de cuisson du four de la domus. Les murs d’un secteur de l’habitat du début du Ier siècle ap. n.è. de la Masseria Menga, sont désormais construit avec cette technique.

 

NABIL Dalia

The Oases of Egypt. A Repertoire of Earthen Saharan Architecture (XIIIth-XXth century).

Thème 2 – Session 4

The earthen architecture in the oases of the Western Sahara in Egypt tells far more than its simple modest appearance. It conveys, in each oasis and rather in each settlement within the same oasis, knowledge about its culture, society, ethnicity, economic state, abundance of local materials, building technology, and settlement morphology.

This paper focuses on traditional earthen settlements in Siwa Oasis and al-Dakhlah Oasis, as comparative examples of earthen settlements in the Western Sahara of Egypt, dating back to the medieval period, where the architecture in each oasis reflects its specific sociocultural, socioeconomic, ethnic, political, climatic adaptation, defensive nature, and geographic situation. The paper also highlights the adaptation of local materials and the development of building techniques in each oasis based on availability and inherited knowledge throughout history. While mud brick architecture prevails in al-Dakhlah Oasis, one can still distinguish variations among its settlements that reflect socioeconomic, ethnic and political aspects of each settlement. On the other hand, the abundance of raw materials further determines a great deal of their architectural morphology; karshīf - a natural material of soil and sand with high salt content extracted in Siwa - appears as a unique local earthen material that was solely adopted in Siwa Oasis in the medieval times manifesting the ingenuity of environmental adaptation of an ethnic minority, the only community of Amazighi origin in Egypt.

All these factors played a prominent role in shaping two distinctive architectural peculiarities that represent the traditional desert architecture repertoire in Egypt when compared with their counterparts along the Nile Valley.

 

NEGRU Alina, SERRA Alessandro

L'habitat rural en terre crue dans le Banat roumain, XXe siècle.

Thème 1 – Session 5

La région du Banat roumain, située à l’ouest du pays, correspond à la partie orientale du Banat historique, rattachée à la Roumanie, lors de sa tripartition réalisée à l’issue de la Première Guerre mondiale.

L’architecture en terre définit le paysage culturel de la plaine du Banat et, au-delà, est représentative de l’habitat rural de l’ensemble de la région. Cependant, malgré une présence encore très prégnante sur tout le territoire, les politiques publiques et l’imaginaire collectif roumain la perçoivent comme un héritage indésirable du passé.

Les changements législatifs instaurés par les différents gouvernements (particulièrement par le régime totalitaire communiste) corrélés à l’augmentation des exigences constructives ont endommagé l’architecture en terre, qu’elle soit urbaine et/ou publique. Seules les maisons rurales ont pu se tenir à l’écart de ces lois et constituent aujourd’hui l’essentiel du patrimoine en terre de la région.

La communication présentera l’habitat en terre de la région, en mettant en évidence ses principales caractéristiques techniques, son évolution au fil du temps et les défis auxquels il est confronté d’aujourd’hui face aux changements socio-économiques que l’ancien pays communiste connaît depuis son entrée dans l’Union Européenne.

 

PELMOINE Thomas

Ethnoarchéologie de l’architecture vernaculaire au Sénégal oriental : une histoire des techniques (XVIIIe-XXIe siècles).

Thème 2 – Session 4

En Afrique subsaharienne, les référentiels permettant aux archéologues d’affiner l’interprétation des vestiges architecturaux sont rares. Notre étude ethnoarchéologique de l’architecture a pour ambition de créer un tel référentiel pour le Sénégal oriental. Pour notre thèse de doctorat, nous avons mené des enquêtes auprès de neuf groupes ethniques distincts afin d’étudier la structure des concessions, les techniques et matériaux de construction, les formes et dimensions des différents édifices. L’analyse des chaînes opératoire de construction et leur distribution géographique ont permis de mettre en évidence des choix techniques différents selon les régions, environnements et populations. De plus, les entretiens menés au Sénégal et l’analyse des ressources bibliographiques nous ont permis de donner une profondeur historique à ces différentes techniques.

Dans cette conférence, nous avons pour ambition de présenter l’évolution historique des éléments architecturaux qui forment des marqueurs identitaires des différentes populations étudiées. Ces éléments architecturaux, que ce soit la disposition des éléments constituant une concession, la forme générale des édifices ou bien les techniques de construction, sont le résultat d’emprunts ou d’exclusions techniques liés aux différentes migrations, aux guerres entre ces populations ou à la colonisation. Par ailleurs, l’évolution historique de ces techniques n’est pas uniquement identitaire, mais également liée à l’environnement. D’une part, la migration des populations vers le Sud a certainement nécessité une modification des techniques à cause d’une pluviométrie beaucoup plus forte, d’autre part le réchauffement climatique rapide actuel fait disparaître certaines espèces végétales anciennement utilisées.

Par ailleurs, les effets de la mondialisation et l’augmentation du nombre d’émigrés en Europe issus de ces zones géographiques font que les techniques de construction en terre et végétaux sont en train de disparaître au profit de nouveaux bâtiments en ciment, ceux-ci ne respectant plus les plans de distribution traditionnels. Les marqueurs identitaires visibles dans les constructions sont donc déjà en voie d’abandon depuis une à deux générations, provoquant actuellement une homogénéisation des techniques dans l’ensemble de ces régions.

 

PERELLO Bérengère

Réflexions archéologiques sur l’architecture en terre en Arménie durant le Néolithique (6e millénaire av. J.-C.) : aspects technologiques, morphologiques et fonctionnels.

Thème 2 – Session 1

Cette synthèse sur l’architecture en terre néolithique d’Arménie est nourrie de données inédites issues du site d’Aknashen-Katurnash, fouillé depuis 2004 par la Mission Archéologique franco-arménienne « Caucase », et les données publiées des sites contemporains de la plaine de l’Ararat (Aratashen et Masis Blur).

Ces sites ont livré des ensembles d’habitat construits en terre, datant du Néolithique Récent (6000-5000 cal. BC) dans un bon état de conservation. Ces ensembles, caractérisés principalement par des habitations circulaires (auxquelles se joignent, dans le niveau le plus ancien, des bâtiments rectangulaires), agencées densément et réalisées en bauge (plus rarement en briques), nous renseignent sur les techniques constructives de ces populations dans les premiers temps de la néolithisation dans cette région du Petit Caucase.

La communication visera à présenter et à discuter les aspects technologiques, morphologiques et fonctionnels de cette architecture en terre. La présentation mettra également l’accent sur les particularités des constructions en terre crue d’Arménie face aux architectures en terre contemporaines connues dans le sud Caucase, en Azerbaïdjan et en Géorgie.

 

POMADÈRE Maia

Une histoire de la construction en briques crues en Crète de l'âge du Bronze au premier âge du Fer (IIIe millénaire av. n. è. - VIIIe s. av. n. è.).

Thème 2 – Session 1

L’introduction de la brique crue au Néolithique en Crète, comme dans le reste du monde égéen, est bien documentée. L’adobe devient à l’âge du Bronze un matériau majeur dans la construction minoenne, de l’habitat le plus modeste aux édifices monumentaux, notamment les palais du deuxième millénaire av. n. è. Le caractère élitaire de ces bâtiments repose alors surtout sur l’usage conjoint de la pierre taillée et du bois, toujours associés à la brique. La large diffusion de cette dernière a généralement conduit à attribuer la fabrication et la maçonnerie en briques crues à des non-spécialistes.

L’utilisation de l’adobe dans l’architecture crétoise régresse au cours du Minoen Récent III (la période postpalatiale), et elle devient rare dans les bâtiments du Premier âge du Fer (11e-8e s. av. n. è.). Ce phénomène est concomitant d’un changement plus général de l’habitat dans l’île : d’une part, les maisons sont plus simples, un aspect abondamment commenté dans la bibliographie en termes de changements sociaux ; d’autre part, un déplacement des sites vers les hauteurs de l’île, qui peut en partie expliquer l’abandon de l’adobe, une ressource moins disponible ; elle semble néanmoins délaissée également en plaine.

La brique crue fait donc partie des composantes de la culture matérielle minoenne qui tendent à s’éteindre à la fin de l’Âge du Bronze. On s’interrogera ici sur les facteurs de cette évolution.

 

PUSTOC’H François

La répartition géographique des constructions rurales en terre crue de Bretagne administrative (XVIe-XXe siècle) (France).

Thème 1 - Poster

Une enquête de terrain, réalisée de 2013 à 2018, a permis de repérer, sur le territoire de la Bretagne administrative, plus de 2000 constructions rurales traditionnelles mettant en œuvre, à des degrés divers, de la terre crue. Deux techniques ont été reconnues : très majoritairement la bauge mais également le torchis. Environ 700 échantillons ont été prélevés, 600 sur le bâti et une centaine sur le terrain. Ils ont tous été analysés sur un granulomètre laser Cilas 1180. Une trentaine d’entre eux a fait l’objet en plus d’une analyse des minéraux lourds. La base de données ainsi constituée (1775 enregistrements) a permis de réaliser, grâce au logiciel d’information géographique QGIS, une cartographie fine de ces constructions. Pour plus de lisibilité nous avons ensuite traité ces informations au niveau des communes (376). Une aire géographique bien circonscrite ressort de cette étude : elle s’étale sur la quasi-totalité de l’Ille et Vilaine, une grande moitié est des Côtes d’Armor et un quart nord-est du Morbihan. En séparant les données relatives aux deux techniques utilisées on s’aperçoit que les aires géographiques de la bauge et du torchis sont distinctes mais qu’elles se superposent sur une grande partie de l’Ille et Vilaine. La très grande majorité de ces constructions étant traitée en bauge, nous nous sommes concentrés sur cette dernière et avons pu établir une gradation de son abondance par commune. La cartographie de ces résultats montre clairement une zone de très grande abondance dans la partie ouest du bassin de Rennes. En reportant toutes ces données sur un fond de carte géologique au 1/1000000ème, il est apparu clairement un lien entre cette zone d’abondance et la nature du substrat : elle coïncide quasi parfaitement avec des terrains briovériens. Mais cette carte ne montre pas les formations superficielles (dépôts éoliens, altérites, etc. …). En utilisant un fond de carte montrant ces dernières on s’aperçoit que cette zone coïncide également avec des dépôts de limons éoliens.

C’est donc la concordance de ces deux facteurs qui semble expliquer cette abondance. L’analyse des échantillons en granulométrie laser montre que dans cette zone le matériau mis en œuvre peut être constitué soit d’altérites de schistes briovériens, soit de limons éoliens (lœss) ou le plus souvent d’un mélange des deux. Les analyses des minéraux lourds confirment ce diagnostic.

 

RIVIÈRE Philippe, KLEIN Alain

L’art de la composition architecturale en brique de terre crue dans le Midi-toulousain au XIXe siècle (Sud-Ouest de la France). Permanences, influences et évolutions.

Thème 2 – Session 6

Cette contribution inédite s’appuie sur l’analyse d’une quinzaine de relevés d’édifices en briques crues, bâtis au XIXe siècle dans le Midi-toulousain, essentiellement des fermes et leurs annexes (bâtiments d’habitation et d’exploitation). Ces édifices sont représentatifs d’un vaste corpus architectural qui compte plusieurs milliers d’exemples répartis sur 6 départements, depuis le modeste pigeonnier sur plan carré ou de la simple maison à auvent jusqu’à la ferme à plan en « U » aux proportions imposantes.

L’objectif de cet article est de reconstituer le processus de conception et de composition qui est à l’origine de ces édifices, basé sur les anciennes unités de mesure à caractère anthropométrique (cannes, empans). Plus qu’un simple moyen de dimensionnement linéaire, il apparait que ces unités de mesure ont été employées comme un véritable outil pragmatique de conception et de régulation architecturale, basé sur le rapport à l’échelle humaine et surtout sur la répétition de modules entiers et de rapports géométriques simples, facilement mémorisables, tant en plan qu’en élévation. Ces unités de mesure participent pleinement au processus de genèse architecturale, à la détermination des proportions des élévations et des espaces, des volumes, etc., qui obéissent à une géométrie simple et rigoureuse qui ne doit rien au hasard et bannit tout pittoresque et toute anecdote. Cet « art de la composition » est à la source de ce sentiment d’harmonie que nous procurent la vue et la fréquentation de ces architectures.

Les parties d’ouvrages (ouvertures, trumeaux, soubassements, piliers, arcades, portions de façades et de plans, etc.) comme la totalité de l’édifice (longueur, largeur, hauteur) sont réductibles en nombres entiers de cannes et/ou d’empans. Les éléments principaux composant l’édifice présentent en eux-mêmes, entre eux et avec la globalité du bâtiment des rapports de proportion « convenables » : carré, rectangles aux rapports simples et appréhendables (1/2, 1/3, 1/6, etc.) se répètent tant en plans qu’en façades. La maitrise des nombres introduit l’ordre et l’équilibre des formes. La restitution de ces architectures dans leur système de mesures d’origine permet de nous immerger dans la « culture sensible » des anciens bâtisseurs du XIXe siècle, à qui nous souhaiterions rendre hommage à travers cette présentation.

Dans un second temps, la communication s’interrogera sur le statut de ces bâtisseurs et se confrontera aux sources écrites ou imprimées, produites tout au long du XIXe siècle (baux de travaux, traités de « construction savante », traités de construction rurale). Sera abordée également la question de l’influence qu’a pu exercer, sur l’architecture de ces constructions rurales, les grands programmes de constructions de bâtiments publics civils (halles marchandes, abattoirs, prisons, etc.) et d’aménagements urbanistiques (places, alignements sur rues), développés dans les villes d’importance (Toulouse, Montauban, Rieumes, etc.) tout au long du XIXe siècle et pilotées par des architectes régionaux de renoms (Bach, Cambon, Esquié, Virebent, Vitry, etc.). Enfin, il sera vérifié si ce principe de conception modulaire a pu être transposé dans le système métrique décimal, qui s’est imposé tardivement dans le dernier tiers du XIXe siècle, et s’il se retrouve dans des patrimoines ruraux similaires faisant appel à d’autres modes constructifs tels que la terre massive, le pisé et la pierre, employés dans le Midi-toulousain.

 

ROUIZEM LABIED Nadya

L’expérimentation de la terre crue dans le logement social au Maroc dans les années 1960.

Thème 2 – Session 6

L’architecture moderne en terre crue existe au Maroc depuis le début des années 1960 : des milliers de logements sociaux ont été construits par l’État avec ce matériau pour lutter contre la crise du logement. Ce sont des coopérants européens qui ont réalisé ces projets : inspirés par la culture constructive locale en terre, ils ont modernisé le matériau, l’outillage et le chantier, pour faire « redécouvrir » ce matériau à un pays dans lequel il est déjà présent dans la tradition vernaculaire. Ariane Wilson écrit à ce propos : « les pays riches proposaient de communiquer aux pays pauvres du sud les connaissances issues des traditions de ces derniers » (Wilson Ariane, « Objectif terre », Criticat n°13, printemps 2014.).

Notre recherche s’appuie sur le repérage serré et l’analyse des archives des trois principales opérations de logements sociaux réalisés en terre dans trois villes marocaines : Marrakech, Ouarzazate et Berkane ; ainsi que sur des entretiens avec les habitants, et des relevés architecturaux.

Cette communication s’inscrit dans le thème « socio-économie de l’habitat en terre », et propose d’identifier les phénomènes de transferts des techniques afin de comprendre comment des savoir-faire anciens transmis par la tradition, ont été réinterprétés et adaptés au contexte de crise économique et de crise du logement dans un pays en voie de développement.

 

RUEFLY Sandrine, STADNICKI Carole

La place de la construction en adobe dans la société paysanne du Bas-Quercy (Tarn-et-Garonne, France) à travers les sources textuelles et iconographiques de la seconde moitié du XIXe siècle.

Thème 2 – Session 6

Au XIXe siècle, qu’elle soit largement utilisée par les paysans et les artisans dans le monde rural ou plus timidement par les autorités et les classes les plus aisées, l’adobe est omniprésente dans l’architecture du Bas-Quercy. On s’interroge par conséquent sur la rareté de la documentation écrite et iconographique de l’époque concernant cette technique constructive. Les documents relatifs à l’administration générale et à l’économie locale (textes règlementaires, statistiques, enquêtes des communes) ne mentionnent jamais d’entreprise ni même de métier relatifs à l’adobe. La technique s’impose pourtant dans la société quercynoise de la seconde moitié du XIXe siècle comme une solution locale adaptée à la demande croissante en logement et à la modernisation des fermes. Son essor est aussi assuré par la multiplicité, l’éparpillement et la diversité des lieux de production. Mais qui fabrique les briques crues, quand, comment, avec quelle aide, pour quel commanditaire ? Seule l’analyse de documents d’archives privées (cahiers de comptes, récapitulatifs de travaux d’une entreprise locale de maçonnerie ou de maîtres d’ouvrages privés) nous renseigne sur le déroulement et le coût des chantiers en adobe ainsi que sur le rôle et les relations des différents acteurs : commanditaire, architecte, artisans et journaliers.

La photographie, qui à partir de la fin du XIXe siècle fixe sur plaques de verre le cadre de vie quotidien des propriétaires aisés mais aussi de la société paysanne qui les entoure, présente également pour notre étude un intérêt documentaire, ethnographique et sociologique indéniable. Aucune vue de l’époque n’illustre la production des adobes en Bas-Quercy, mais les clichés détaillant la chaîne de travail pour la confection de briques destinées à la cuisson sont instructifs à plus d’un titre. Ces images dévoilent également le regard porté par les photographes et la société sur la construction en adobe.

 

SAUVAGE Martin

Construire un bâtiment public en terre dans la Mésopotamie ancienne (Iraq du sud) : organisation, ouvriers et quantités d’après les données archéologiques et les textes de la fin du IIIe et du début du IIe millénaire av. J.-C.

Thème 1 – Session 2

La plaine alluviale mésopotamienne (sud de l’Iraq, de Bagdad au golfe persique) est très pauvre en pierre ; le matériau de construction principal, pour ne pas dire exclusif, y a été pendant toute l’Antiquité la terre et en particulier la brique séchée au soleil ou cuite au four.

À l’extrême fin du IIIe millénaire avant J.-C., les souverains mésopotamiens ont mis en œuvre d’imposants programmes de construction publique, notamment religieuse avec les premières ziggourats, qui ont nécessité la mise en place de toute une organisation du travail de la construction. Il s’agissait en effet de gérer la confection, le transport et la mise en œuvre de millions de briques.

Nous disposons d’un corpus considérable de textes de cette époque ou légèrement postérieurs (des tablettes d’argile à écriture cunéiforme) en relation avec des activités de construction. Il s’agit aussi bien de textes d’apprentissage des scribes que de textes administratifs : devis prévisionnels, gestion des manœuvres non spécialisés, listes de tâches, livraisons de matériaux pour la construction, etc. Il est possible de comparer les données issues de ces textes avec celles provenant des fouilles archéologiques et d’en tirer un grand nombre d’informations relatives à l’organisation de la construction publique de cette époque.

 

STADNICKI Carole, RUEFLY Sandrine

Une modeste maison en torchis de la fin du XVe siècle au décor exceptionnel ? (Montricoux, Tarn-et-Garonne, France).

Thème 1 - Poster

La découverte en 2018 dans le bourg de Montricoux d’une peinture murale d’une grande qualité d’exécution dans une maison de taille modeste en pan de bois et torchis interroge à la fois sur le statut social de son commanditaire et sur le mode d’habiter de ces maisons édifiées à la fin du Moyen Âge. La peinture à la détrempe située dans la cage d’escalier représente une fileuse, quenouille à la main et fil (de chanvre ?) dans l’autre. En effet, l’activité qui prédomine au XVe siècle dans cette ville située en bordure d’Aveyron est l’artisanat textile. Le propriétaire, par le biais du vocabulaire ornemental de sa maison manifeste-t-il son statut en marquant son appartenance à une sphère professionnelle, ou fait-il simplement référence à certaines des activités du bourg ? On se questionne également sur l’influence de l’iconographie de l’époque dans cette représentation ?

La seconde moitié du XVe siècle se traduit par une période de grande activité de reconstruction au lendemain de la guerre de Cent Ans, particulièrement violente dans le Quercy. La construction en pan de bois qui allie rapidité de mise en œuvre et moindre coût, répond de fait à l’exigence de la multiplication des chantiers. Montricoux concentre, en l’état actuel des recherches, le plus grand nombre de maisons en pan de bois construites à la fin du Moyen Âge en Tarn-et-Garonne. Elles font de ce village un observatoire privilégié des techniques du pan de bois et de ses remplissages. Dans un bourg bien étudié, cette découverte, unique à ce jour, permet d’aborder un nouvel axe de recherche encore peu exploité autour des décors domestiques : leur fréquence, leurs rôles et leurs commanditaires.

 

SYROVA Zuzana, SYROVY Jiri

Les acteurs de l’architecture en terre crue des régions historiques de la République tchèque (XVIIIe-XXe siècles).

Thème 1 – Session 5

L’histoire des constructions en terre crue de Bohême, Moravie et Silésie est aussi une histoire des constructeurs. En effet, de nombreux documents d’archive nous renseignent sur leurs maîtres d’œuvre et/ou leurs maîtres d‘ouvrage. Cette richesse documentaire est due à une spécificité législative de l’ancienne Autriche-Hongrie qui oblige, par un décret de 1787, à soumettre les plans de construction ou reconstruction au bureau de l’administration seigneuriale (depuis la réforme de 1850, à l’administration de l’État et la commune).

Ainsi, nous sont parvenus de nombreux plans et permis de construire, que nous pouvons désormais comparer aux différentes constructions qui ont pu être préservées. Selon cette réglementation, seul un Baumeister (maître d‘œuvre), qui à partir de 1810 devait obligatoirement être diplômé de l’école polytechnique, pouvait être responsable de la construction et habilité à établir des plans en vue de l’obtention d’un permis de construire. Dans certains cas, un maître-maçon ou maître-charpentier qualifié pouvait également remplir cette charge.

Lors de sa formation, l’apprenti Baumeister devait se familiariser avec les différents traités de constructions d’époque et certains en sont eux-mêmes devenus des auteurs. Parmi ceux-ci, le personnage de Johann Philip Joendl (1782-1870) mérite une attention particulière. Ses traités fournissent des instructions détaillées pour la construction en adobe ou pisé, les mortiers et les enduits de terre.

En plus de ces acteurs, intervenant directement dans la construction, il faut également mentionner les écrivains, peintres, ethnologues et architectes qui ont documenté la construction en terre crue dès le XIXe siècle.

 

SYROVA Zuzana, SYROVY Jiri

Approvisionnement et usage spécifique de la terre du XVIe au XXe siècle en République tchèque.

Thème 1 – Session 5

L‘utilisation de la terre crue dans les bâtiments historiques suit certaines logiques. Dans les constructions traditionnelles, c’est sans doute la logique du matériau local. L’exemple de la Moravie et de la Bohême nous permet de suivre la transition des structures en bois aux matériaux non combustibles associés à la déforestation (apparaissant dans le temps depuis le Moyen Âge) et aux mesures « modernes » de lutte contre les incendies. Les données à long terme recueillies à partir d’inventaires et d’enquêtes détaillées analysées à l’aide d‘outils de SIG nous permettent de présenter ces connaissances de manière cartographique. Dans le cadre de ces analyses, les cartes du cadastre dit stable ou impérial du deuxième quart du XIXe siècle, sur lesquelles est capturée la résistance des constructions contre le feu, nous intéressent aussi.

Mais il y a aussi la logique d’utiliser des matériaux spécifiques pour des parties spécifiques du bâtiment qui permettent la survie de la terre ou du bois dans une construction jusqu‘à la moitié du XXe siècle (bois avec terre pour les pièces à vivre, terre massive pour les chambres ou greniers à grain). Nous pouvons démontrer cela sur plusieurs exemples de bâtiments étudiés par des méthodes de l’archéologie du bâti dans les dernières décennies.

 



[1] Turquois Mountain Foundation https://turquoisemountain.org/

Personnes connectées : 5